Pratiques de sobriétés
Représentations, dispositifs, usages.

Source: négawatt

En quelques mots...

Le programme de recherche Sobriétés (2010-2013) est financé par le Conseil régional Nord-Pas-Calais et l'Ademe, dans le cadre d'un programme sur la maîtrise de la demande énergétique.

Il s'agit d'un programme de recherche interdisciplinaire, animé par une équipe scientifique issue de trois laboratoires régionaux en sciences humaines: le Ceraps (Lille 2), le Clersé (Lille 1) et le LSMRC (Lille 2).

Il associe à sa démarche un réseau régional de partenaires institutionnels et associatifs dont certains feront l'objet de monographies, mais qui constituent aussi des structures-relais dans la perspective d'une mise en oeuvre territoriale de politiques de sobriété énergétique, et qui à ce titre restent associées au programme de recherche pour l'ensemble des événements scientifiques prévus.

Le programme Sobriétés s'intéresse à la notion émergente de "sobriété énergétique", et notamment aux représentations et aux pratiques déjà existantes que les acteurs territoriaux associent à ce terme. Après une phase d'exploration monographique de ces représentations et de ces pratiques existantes, le programme vise à les évaluer par une confrontation avec des scénarios (pic pétrolier) et des méthodes d'animation teritoriale (Transition Towns et Cittaslow) initiées dans d'autres contextes territoriaux. L'enjeu est d'accompagner une réflexion sur le potentiel d'institutionnalisation de la sobriété énergétique, en tant qu'objet de politiques publiques susceptibles de contribuer à la maîtrise de la demande énergétique.

Plus en détails...

Ce programme de recherche vise à définir les modalités par lesquelles l’action publique régionale peut envisager d’accompagner sur son territoire l’essor des pratiques de sobriété énergétique : la sobriété énergétique est l’un des outils de maîtrise de la demande énergétique (MDE) sans lesquels l’ambition du facteur 4 ne pourra vraisemblablement pas être concrétisée (Negawatt, 2006 ; Plan Virage-énergie Nord-Pas-de-Calais, 2007). Notre projet s’inscrit donc dans la réflexion actuellement émergente à l’échelle régionale sur la seconde étape du développement durable (1), au cours de laquelle les institutions et les territoires seront confrontés au défi de la diffusion et de la généralisation de « bonnes pratiques » actuellement ponctuelles. Pour cela, nous ambitionnons d’approfondir la théorisation sociologique des logiques de sobriété, d’identifier et d’étudier les logiques de sobriété déjà à l’œuvre en région Nord-Pas-de-Calais, pour ensuite identifier par quels outils opérationnels l’action publique peut prétendre inciter à la diffusion de certaines « bonnes pratiques » de sobriété, au lieu de se résigner à les cantonner au seul domaine des choix individuels sur lesquels elle n’aurait aucune influence. Cette recherche s’appuiera sur un protocole de recherche ouvert et inclusif, associant des acteurs de sobriété institutionnels et associatifs déjà identifiés, tout en veillant à produire une réflexion critique sur les modèles de sobriété proposés dans divers courants théoriques.

Nous analyserons, sous l’angle de la Sociologie des politiques publiques et du Marketing, les pratiques de sobriété énergétique émergentes en région Nord-Pas-de-Calais, en nous concentrant notamment sur les démarches pionnières visant à modifier les pratiques énergétiques de la vie quotidienne – alimentation, habitat, loisirs, transports, etc. Nous entendons ainsi étudier les procédés par lesquels des individus sont amenés à modifier leur comportement, pour aller d’un comportement actuellement « majoritaire », fortement énergivore et émetteur de gaz à effet de serre, vers des pratiques plus innovantes et plus sobres en énergie. Dans un tel cas, l’individu ne vit pas tant cette évolution comme une « rupture » (d’avec le modèle dominant et consumériste) que comme un rattachement à un autre collectif, qui se trouve être plus respectueux de l’environnement. C’est ce qui se passe, par exemple, lors d’une adhésion à une AMAP ou à un système de Bio-Cabas (Lamine, 2007). En outre, le ré-encastrement local de l’économie marchande est source de lien social et du développement d’une économie de lien.

Il s’agira donc d’abord d’élaborer un recensement et un diagnostic des expériences innovantes de sobriété énergétique d’ores et déjà émergentes en région Nord-Pas-de-Calais, sur la base desquels nous pourrons procéder à une évaluation des procédures et des résultats obtenus. Pour ce faire, dans une démarche d’approche comparative (CERAPS, CLERSÉ) et de benchmarking (LSMRC), nous procéderons à une confrontation des acteurs régionaux de sobriété (associés à notre programme de recherche) à d’autres expériences comparables actuellement développées en contexte étranger. La collaboration associant l’ensemble des partenaires (scientifiques, associatifs et institutionnels) du programme permettra une évaluation sociale, économique et environnementale des pratiques de sobriété actuellement émergentes dans la région.

Notre programme de recherche vise donc à susciter la mutualisation des expériences de sobriété émergentes sur le territoire régional, et à favoriser la mise en réseau des acteurs territoriaux de sobriété. Nous pourrons ainsi produire une modélisation des trajectoires de diffusion, de valorisation et d’appropriation des «bonnes pratiques» de sobriété énergétique en région Nord-Pas-de-Calais, et proposer différents scénarios d’accompagnement et d’institutionnalisation de la sobriété dans notre contexte territorial.

(1) THEYS, Jacques, TERTRE, Christian du, RAUSCHMAYER Félix, ZUINDEAU, Bertrand. Le développement durable, la seconde étape. Éditions de l’Aube, 2009. (Ouvrage publié avec le concours de la région Nord-Pas-de-Calais dans le cadre de ses travaux de prospective www.2020.nordpasdecalais.fr)
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