Présentation
modifié le: 2012-05-14
 

1. Contexte général

Suite aux nombreuses productions scientifiques qui ont rythmé les deux dernières décennies, un large consensus s’est maintenant constitué, d’une part autour du constat de la responsabilité anthropique dans le réchauffement climatique, et d’autre part autour de la gravité du phénomène, et donc de la nécessité de réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre (GIEC, 2007 ; rapport Stern, 2006). Sur la base de travaux d’expertise porteurs d’une légitimité scientifique internationale, l’objectif que se sont fixés les pays industrialisés est celui du facteur 4 à horizon 2050, c’est-à-dire d’une réduction par quatre de nos émissions d’ici cette date (pour la France, loi POPE de 2005).

Cependant, bien qu’un consensus ait été atteint sur le constat et sur les objectifs, les méthodes et les procédés d’accompagnement pour atteindre ces objectifs sont encore l’objet d’âpres controverses. Les objectifs ambitieux que se sont fixés nos sociétés et nos territoires font même figure d’aporie, tant l’application des objectifs et l’évolution effective des pratiques s’avère problématique, dans un contexte où les contraintes et les urgences (environnementales, sociales, économiques, politiques) tendent à se concurrencer. De fait, l’idée de « facteur 4 » est moins une solution qu’une reformulation du problème lui-même, à laquelle les forces scientifiques, institutionnelles, politiques et économiques commencent seulement à s’atteler. C’est cette aporie toujours implicite, cette « boîte noire » des politiques d’accompagnement du facteur 4, que nous proposons ici d’étudier.

Il est vrai qu’une importante production scientifique a d’ores et déjà été produite pour défricher les chemins qui pourraient nous permettre de remplir ces objectifs ambitieux. Mais jusqu’ici, cette production scientifique s’est surtout concentrée sur les logiques d’ingénierie technique, et plus précisément d’efficacité énergétique et renouvelabilité énergétique. L’efficacité énergétique vise à la réduction des gaspillages pour un service équivalent, le plus souvent par la diffusion de produits ou de procédés plus économes en énergie. La renouvelabilité vise à remplacer l’usage d’énergies fossiles par l’usage d’énergies renouvelables, toujours pour un service équivalent.

 

2. Enjeux pour le territoire et les acteurs régionaux

Conformément aux attentes exprimées par l’ADEME et le Conseil régional dans la lettre nous invitant à déposer un dossier de candidature, nous avons recentré notre programme de recherche sur les perspectives pratiques de valorisation et d’institutionnalisation des bonnes pratiques de sobriété énergétique dans la région Nord-Pas-de-Calais. Nous avons fait évoluer notre équipe scientifique et avons associé davantage de partenaires institutionnels, de manière à présenter davantage de garanties en termes d’accompagnement des structures susceptibles de valoriser les pratiques de sobriété en tant qu’outils de maîtrise de la demande d’énergie.

Nous proposons ici une analyse de la contribution potentielle d’une autre logique, non pas contradictoire, mais complémentaire des approches traditionnelles : la logique de l’ingénierie sociale, et plus précisément des logiques de sobriété énergétique, dans la perspective d’un « facteur 4 » en région Nord-Pas-de-Calais. Car si l’efficacité et la renouvelabilité sont bien considérées – et à juste titre – comme étant deux piliers incontournables du facteur 4, la sobriété est trop souvent négligée des programmes de recherche. La sobriété énergétique consiste en une réévaluation des besoins et/ou en une modification profonde des comportements quotidiens : elle constitue en cela le troisième pilier de la lutte pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Incontournable, la sobriété est pourtant encore souvent cantonnée à la sphère domestique et aux choix individuels, alors que par des mesures d’accompagnement, l’action publique (CERAPS) et les pratiques des entreprises (LSMRC, CLERSÉ) pourraient aussi contribuer à l’élargissement de la zone d’influence de ce troisième pilier, dans un esprit de complémentarité avec les deux autres.

En outre, les pratiques de sobriété et de consommation responsable font partie des thématiques de recherche identifiées par le PICOM (Pôle de compétitivité des Industries du Commerce) comme prioritaires. En effet, les entreprises de la région ont de fortes interrogations sur une offre respectueuse de l’environnement (notamment en intégrant l’économie de fonctionnalité et la baisse de la consommation) et la réponse à apporter aux développements des modes alternatifs de consommation (location, marché d’occasion, DIY, troc...). Plusieurs initiatives ont été lancées à l’échelle régionale qui concernent les mesures d’accompagnement et d’encadrement de l’évolution socio-économique vers des modes de production et de consommation plus durables (étiquettes carbone, etc.). Notre équipe de recherche souhaite accompagner cette réflexion émergente sur les pratiques de sobriété et de consommation alternative dans le secteur des entreprises de la région, ce qui sera notamment rendu possible par les prises de contact avec le PICOM pour notre programme de recherche (le LSMRC ayant déjà été son partenaire dans d’autres recherches précédentes). Les compétences conceptuelles et méthodologiques de l’équipe de LSMRC, travaillant spécifiquement sur la consommation responsable, les pionniers de la simplicité volontaire, la mutualisation de la consommation et la résistance à la consommation, seront mises à profit pour la réalisation de l’étude benchmarking des pratiques de consommation sobre sur notre territoire régional.

 

3. Objectifs et caractère ambitieux/novateur du projet

L’objectif de notre recherche consiste en la création d’outils opérationnels permettant aux institutions régionales de développer un savoir-faire pionnier en matière d’initiation et d’accompagnement des dynamiques locales de sobriété énergétique, parallèlement bien sûr à la poursuite des actions publiques visant à l’accroissement de l’efficacité énergétique et de la renouvelabilité énergétique. La valorisation de tels outils s’inscrirait aussi dans l’élaboration d’une argumentation théorique, basée à la fois sur l’apport de la réflexion internationale et sur une appropriation des principales conclusions de cette littérature dans le fonctionnement institutionnel effectif.

Pour ce faire, nous avons fixés trois sous-objectifs à notre programme de recherche :

Premièrement, la réalisation d’une étude d’acteurs régionaux de la sobriété énergétique, choisis en région Nord-Pas-de-Calais dans les domaines sociaux et environnementaux, avec lesquels nous mettrons en place un partenariat sur trois ans. Ce partenariat nous permettra de construire une relation de réciprocité avec les acteurs étudiés, qui nous apporteront leur expérience et auxquels nous apporterons notre expertise.

Deuxièmement, l’évaluation de ces pratiques régionales de sobriété par comparaison avec des expériences étrangères et par utilisation des outils de la Science politique et du Marketing. Cette étape nécessitera la mise en place d’un protocole de recherche et de coopération avec des acteurs extérieurs au territoire régional, bénéficiant d’une certaine expérience dans ce domaine, et eux-mêmes désireux de confronter leurs réflexions et leurs pratiques effectives à d’autres expérimentations comparables. Parmi les acteurs étrangers présélectionnés, le réseau britannique des transition towns (villes en transition) et le réseau italien des città slow (villes lentes) nous apparaissent comme étant les plus abouties. Par ailleurs, pour parfaire notre étude benchmarking, une analyse des réseaux de consommateurs pratiquant la sobriété énérgétique sera réalisée. Nous évaluerons avec les acteurs régionaux et étrangers les potentialités de transferts réciproques de savoir-faire en matière de sobriété énergétique, ainsi que les modalités d’appropriations qu’il s’agira de développer pour tenir compte des variations contextuelles et territoriales.

Troisièmement, le lancement d’une réflexion sur les perspectives de diffusion, de généralisation et d’institutionnalisation des « bonnes pratiques » de sobriété énergétique. Il s’agit notamment d’identifier les procédés par lesquels les collectivités territoriales pourraient s’impliquer dans cette valorisation des savoir-faire en matière de sobriété énergétique. Des représentants de l’ADEME et du Conseil Régional seront associés à l’ensemble du protocole d’enquête, de manière à ce que les phases d’expertise incluent systématiquement le souci de l’utilisation opérationnelle des données scientifiques ainsi produites. L’accent sera donc mis sur les mesures d’accompagnement que les collectivités territoriales pourraient envisager pour favoriser la diffusion des « bonnes pratiques » de sobriété énergétique auprès d’un plus grand nombre de publics (associations, entreprises, institutions publiques) et d’individus. Enfin, il s’agit également d’articuler ce programme de recherche avec d’autres démarches propres à la région Nord-Pas-de-Calais, telles que la mise en place de la Trame Verte et Bleue régionale et l’élaboration du Plan Climat Territorial : identifier et favoriser les interactions, les synergies et les complémentarités entre ces différentes approches, par exemple au travers du maintien et de la transmission de certains savoir-faire menacés, mais spécifiques au territoire régional et qui pourraient contribuer à une démarche de sobriété énergétique dans tel ou tel domaine : énergie, bâtiment, agriculture, etc.

Cette étude de la faisabilité et de la reproductibilité des différentes expériences-pilotes d’institutionnalisation de la sobriété que nous étudierons font l’originalité de notre démarche. Nous constituerons ainsi la base de données nécessaire à l’élaboration des outils pédagogiques et des outils d’aides à la diffusion que nous proposons comme objectifs de ce projet.

 

 
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